GÉOGRAPHIES DES ALIMENTATIONS (3/3). LES ALTERNATIVES Cette émission a été diffusée la première fois en juin 2011
Lectures
- Les nouveaux équilibres agroalimentaires mondiaux
- 05/01/2011
Depuis bientôt trois ans, les problèmes alimentaires mondiaux amènent à remettre en question les processus actuels de production et de distribution à l'échelle mondiale.
Volatilité, politiques économiques, financiarisation, innovations technologiques, changements d'habitudes de consommation, guerre des changes, sécurité alimentaire, tout ce qui pose problème à l'économie mondiale pousse à remettre l'agriculture et l'alimentation au coeur des préoccupations. Des millions d'hectares de terres arables passent dans des mains nouvelles, des émeutes de la faim éclatent à de nombreux endroits dans le monde, des affrontements idéologiques opposent toujours les tenants d'une globalisation définitive des marchés agroalimentaires à ceux qui considèrent que la mondialisation est synonyme de disparition des cultures vivrières.
Ce cahier fournit un ensemble d'informations et de réflexions pour éclairer ces différentes problématiques : marchés agricoles et agroalimentaires, instabilité agricole et réponses à y apporter, rôle de la finance et du progrès technique, place de l'agriculture dans le développement, rôle et évolution des politiques agricoles, notamment la Politique agricole commune. Ces éléments permettront à chacun de s'approprier un thème incontournable.
Le Cercle des économistes réunit trente économistes qui ont le souci d'associer réflexion théorique et pratique de l'action.
Ce groupe s'est donné pour objectif, en tirant profit de l'indépendance et de la diversité des positions de ses membres, de favoriser le débat économique sans réduire la complexité des faits et des analyses.

- Manger local, manger global - L'alimentation géographique
- 03/2010
Sushis, nems, pizza, kebab, couscous, pisco, bretzel, cappuccino, paella...
Autant de plats, autant de cultures, autant de pratiques alimentaires qui racontent le monde tel qu'il va et construisent une part de notre identité. A l'heure de la globalisation, pointant, la diffusion des mets et des saveurs à l'échelle mondiale tend à modifier nos habitudes culinaires. En réaction à ce mouvement mondial, de nouvelles appartenances culturelles, fortement marquées par le " local ", ne sont-elles pas en phase de construction ?
En répondant à ces questions, et à beaucoup d'autres, Gilles Fumey montre que la géographie est une propriété fondamentale de notre alimentation et insiste sur quatre opérateurs : la nature, le paysage, le terroir et la ville.
Cosmopolite, éthique et esthétique, l'alimentation géographique propose une solution innovante et ambitieuse aux crises de subsistance qui creusent l'antagonisme entre pays pauvres et pays riches, car elle nourrit la gastronomie qui reste une source de créativité et, finalement, de liberté.
Chercheur au laboratoire espace, nature et culture du CNRS, Gilles Fumey est professeur de géographie de l'alimentation à l'université Paris-Sorbonne. Il a publié notamment un Atlas mondial des cuisines et gastronomies (Autrement) et une Géopolitique de l'alimentation (Sciences humaines).

- Notre poison quotidien - La responsabilité de l'industrie chimique dans l'épidémie des maladies chroniques
- 24/03/2011
Au cours des trente dernières années, le taux d'incidence du cancer a augmenté de 40 % (déduction faite du facteur de vieillissement de la population).
Durant cette période, la progression des leucémies et des tumeurs cérébrales chez l'enfant a été d'environ 2 % par an. Et on constate une évolution similaire pour les maladies neurologiques (Parkinson et Alzheimer) et auto-immunes, ou pour les dysfonctionnements de la reproduction. Comment expliquer cette inquiétante épidémie, qui frappe particulièrement les pays dits " développés " ? C'est à cette question que répond Marie-Monique Robin dans ce nouveau livre choc, fruit d'une enquête de deux ans en Amérique du Nord, en Asie et en Europe.
S'appuyant sur de nombreuses études scientifiques, mais aussi sur les témoignages de chercheurs et de représentants des agences de réglementation, elle montre que la cause principale de l'épidémie est d'origine environnementale : elle est due aux dizaines de milliers de molécules chimiques qui ont envahi notre quotidien et notre alimentation depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. Pour cela, l'auteure retrace le mode de production des aliments, depuis le champ du paysan (pesticides) jusqu'à notre assiette (additifs et plastiques alimentaires).
Elle décortique le système d'évaluation et d'homologation des produits chimiques, à travers les exemples des pesticides, de l'aspartame ou du bisphénol A, et montre qu'il est totalement défaillant et inadapté. Surtout, elle raconte les pressions et les manipulations de l'industrie chimique pour maintenir sur le marché des produits hautement toxiques.
Le DVD sur Arte : www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Notre-poison-quotidien/3673748.html

- Le monde selon Monsanto - De la dioxine aux OGM, une multinationale qui vous veut du bien
- 12/03/2009
Implantée dans quarante-six pays, Monsanto est devenue le leader mondial des OGM, mais aussi l'une des entreprises les plus controversées de l'histoire industrielle.
Dans les dernières décennies, la firme a accumulé les procès en raison de la toxicité de ses produits (PCB, " agent orange, ou hormones de croissance bovine et laitière). Pourtant, elle se présente aujourd'hui comme une entreprise des " sciences de la vie convertie aux vertus du développement durable. Grâce à la commercialisation de semences transgéniques, elle prétend vouloir faire reculer les limites des écosystèmes pour le bien de l'humanité.
Qu'en est-il exactement ? S'appuyant sur des documents inédits, des témoignages de victimes, de scientifiques ou d'hommes politiques, ce livre retrace l'histoire d'un empire industriel, qui, à grand renfort de rapports mensongers, de collusion avec l'administration nord-américaine, de pressions et tentatives de corruption, est devenu le premier semencier du monde. Et il révèle notamment le rôle joué par Monsanto dans le formidable tour de passe-passe qui a permis l'extension planétaire des cultures OGM, sans aucun contrôle sérieux de leurs effets sur la nature et la santé humaine.
Marie-Monique Robin est lauréate du prix Albert-Londres (1995).
Journaliste et réalisatrice, elle a réalisé de nombreux documentaires, couronnés par une dizaine de prix internationaux, tournés en Amérique latine, Afrique, Europe et Asie. Elle est aussi l'auteur de plusieurs ouvrages, dont à La Découverte : Escadrons de la mort, l'école française (2004, 2008) et L'École du soupçon (2006).
Marie-Monique Robin, réalisatrice du documentaire Le monde selon Monsanto, qui a donné existence aux livres, nous explique les raisons et le déroulement d’une enquête passionnante qui met gravement en cause une multinationale hautement controversée : www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Le-monde-selon-Monsanto/1950490.html

- Main basse sur le riz
- 24/03/2010
Au printemps 2008, Port-au-Prince crie famine.
Au Caire, à Dakar, les foules envahissent les rues. A Manille, les bidonvilles sont au bord de la révolte. Partout, la même cause : les prix du riz explosent. Pourquoi un tel vent de folie s'est-il abattu sur ce marché ? Reportage au plus près des producteurs et des exportateurs de Thaïlande, des négociants internationaux à Genève, des importateurs de Dakar, Bamako et Manille, Main basse sur le riz nous fait entrer dans les coulisses d'un système où les paysans les plus humbles d'Asie produisent essentiellement pour les consommateurs pauvres d'Afrique.
L'auteur y démonte les mécanismes qui ont abouti à la crise de 2008 : corruption au plus haut niveau, monopoles abusifs, incompétence gouvernementale, égoïsme des pays développés, jeu des grandes multinationales du négoce, tout s'est conjugué pour bloquer un commerce qui nourrit un être humain sur deux. Paralysie momentanée ou condamnation définitive ? Tout porte à croire qu'une nouvelle crise du marché du riz est possible, synonyme de pénurie et donc de famine planétaire
Jean-Pierre Boris est journaliste et documentariste.
Main basse sur le riz est également le titre du documentaire qu'il a tourné avec le réalisateur Jean Crépu pour Arte : www.arte.tv/fr/Comprendre-le-monde/Main-basse-sur-le-riz/3100360,CmC=3108494.html
Ce film a obtenu le Fipa d'Or au festival de Biarritz. Jean-Pierre Boris a par ailleurs publié chez Hachette Littératures Le roman noir des matières premières (coll. Pluriel) et Fuir l'Equateur.

Ailleurs sur le web
- “Nourrir le monde en 2050”
- www.fao.org/wsfs/sommet-mondial/fr/
À l’horizon 2050, la population mondiale atteindra les 9,1 milliards d’habitants, soit une augmentation de 34 % par rapport à aujourd’hui. La plupart de cet accroissement aura lieu dans les pays en voie de développement. L’urbanisation continuera à progresser à un rythme accéléré, et environ 70 pour cent de la population mondiale sera urbaine (par rapport à 49% aujourd’hui). Les niveaux des revenus seront démultipliés par rapport à ce qu’ils sont aujourd’hui. Afin de nourrir cette population plus importante, plus urbaine et plus riche, la production alimentaire (sans compter les produits alimentaires utilisés comme biocarburants) doit augmenter de 70%. La production annuelle de céréales devra atteindre 3 milliards de tonnes environ comparés aux 2,1 milliards actuels. Et la production annuelle en viande devra augmenter de plus de 200 millions de tonnes pour atteindre 470 millions de tonnes.
Ce sont les conclusions auxquelles est parvenu "Le Forum de Haut Niveau " qui a réuni des experts du monde entier à Rome les 12 et 13 octobre 2009 autour du thème : “Nourrir le monde en 2050” qui fut suivit du Sommet mondial sur la sécurité alimentaire.
- FAO : Indices alimentaires
- www.fao.org/worldfoodsituation/wfs-home/fr/
L’indice FAO des prix des produits alimentaires s’est élevé en moyenne à 232 points en avril 2011, restant pratiquement stable par rapport à l’estimation révisée de mars, soit une hausse de 36 pour cent sur douze mois, mais une baisse de 2 pour cent après le chiffre élevé de février 2011. En avril, une forte hausse des cours mondiaux des céréales a plus que compensé des baisses des prix des produits laitiers, du sucre et du riz, tandis que les prix des huiles et de la viande restaient pratiquement stables.
C'est à partir de mars 2011 que la FAO publie en ligne un bulletin d’information mensuel sur l’actualité et les perspectives mondiales concernant les céréales. Des analyses plus approfondies des marchés mondiaux des céréales, ainsi que d’autres denrées alimentaires de base, sont publiées deux fois par an dans les Perspectives de l’alimentation (en juin et en novembre). Plus… : www.fao.org/righttofood/
- Banque mondiale et crise alimentaire
- www.banquemondiale.org/themes/crise-alimentaire/Food_Price_Watch_fevrier_2011.html
Les prix des produits alimentaires continuent d’augmenter. L’indice des prix alimentaires de la Banque mondiale a augmenté de 15 % entre octobre 2010 et janvier 2011 et se situe seulement 3 % en dessous de son niveau record de 2008. Au cours des six derniers mois, les prix mondiaux du blé, du maïs, du sucre et des huiles alimentaires ont connu de fortes augmentations. Dans bon nombre de pays, l’augmentation des prix mondiaux du blé a alimenté de fortes hausses des prix intérieurs.
Le bilan des chiffres de la pauvreté montre que la flambée des prix alimentaires depuis juin 2010 a plongé dans l’extrême pauvreté environ 44 millions de personnes dans les pays à revenu faible et intermédiaire.
Dans le cadre du Programme d'intervention en réponse à la crise alimentaire mondiale (GFRP) créé en mai 2008, le Groupe de la Banque mondiale a lancé un mécanisme de financement rapide afin d'accélérer les apports d’aide aux pays qui en ont le plus besoin. La réponse de la Banque s’est faite en articulation avec l'Équipe spéciale de haut niveau des Nations Unies (HTLF) sur la sécurité alimentaire. La Banque soutient ainsi la mise en place du Cadre d’action global (CAG).
- Spéculations
- www.youphil.com/fr/article/03653-alimentation-les-speculateurs-font-la-guerre-aux-pauvres?ypcli=ano
Le site de toutes les solidarités le rappelle : "Pour montrer l'ampleur de la situation, il faut d'abord rappeler cette alerte internationale majeure lancée en février 2011, à Paris. Un événement passé presque inaperçu, mais au ton grave : les ministres des Finances du G20, avec la Banque Mondiale et les régulateurs financiers du monde, reconnaissent le caractère "historique" de la hausse des prix des céréales au niveau mondial." L'article analyse et renvoie aux principales sources d'informations officielles.
- Sur-exploitation africaine et insécurité
- fr.globalvoicesonline.org/2011/06/07/70320/
Depuis 2008, 50 millions d'hectares de terres agricoles dans le monde ont été achetés ou loués pour un siècle par des pays tiers ou des sociétés privées étrangères. L' Ethiopie a distribué 600 000 hectares (à des entreprises étrangères entre 2004 et début 2009, d'après un rapport de la FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture). Début 2011, le gouvernement éthiopien déclarait qu'environ 2,8 millions de personnes avaient besoin d'une aide alimentaire d'urgence cette année. L'article proposé fait partie d'une série d'articles sur l'insécurité alimentaire du Pulitzer Center en collaboration avec Global Voices Online. Ces articles s'appuient sur les reportages multimédias qui figurent sur le Portail Pulitzer sur l'insécurité alimentaire (en anglais) et des blogs du monde entier qui débattent de cette question : pulitzercenter.org/food-insecurity
- Un milliard
- www.1billionhungry.org/
Ce sont près de 3,5 millions, juin 2011, de personnes qui ont signé la pétition mondiale contre la faim chronique qui atteint 1 milliard de personnes dans le monde. Le site, en lien avec la FAO, en résume les causes, les conséquences et propose ce qui peut être fait. La faim est la première des 10 principales causes de risque pour la santé devant le sida, la malaria et la tuberculose réunis.
Agenda
- « Jardins d’avenir ou l’art de la biodiversité heureuse »20e Festival international des jardins
La diversité fait le plaisir des découvertes, la beauté des paysages, la rencontre des langages et la richesse des échanges. Elle enchante le monde et nourrit de nos différences la possibilité d’un monde partagé. Source et finalité, expression d’une nature originelle, d’une transformation et d’une organisation, de l’utilité ou de l’agrément, le jardin réunit à lui seul toute la richesse du monde, tout ce que la nature nous donne et tout ce que siècle après siècle les savoirs et les histoires y ont apporté de transformations, d’ordres et de rites, de création et d’expressions. Le jardin célèbre la diversité des hommes et de la nature, des espèces vivantes, de leur coexistence et de leur nécessaire équilibre.
Cet équilibre est aujourd’hui menacé. Les hommes ont puisé dans les ressources naturelles comme dans un puits sans fond, sans souci de leur préservation et de leur singularité. La disparition accélérée des espèces vivantes met à mal la biodiversité et le jeu pluriel des forces vives de la nature. « Au cours des cinquante dernières années, le monde naturel a considérablement reculé. Des espèces s’éteignent, et avec elles les caractéristiques biologiques, chimiques, structurales qu’elles portaient. [...]
La diversité s’estompe à l’intérieur des espèces, un très grand nombre d’entre elles sont protégées sous forme de populations restreintes, les autres populations disparaissent. De chaque espèce, on ne conserve qu’un petit nombre de génotypes (parfois même un seul) ; les autres génotypes, avec toutes leurs variances adaptatives potentielles, s’effacent ; la variabilité, l’hétérogénéité, la multiplicité des plantes, seules garantes de la pérennité de la vie, diminuent dangereusement ».
Au-delà de la botanique et des végétaux, le jardin tend à devenir un petit écosystème. Fleurs, plantes, herbes, graines, espèces animales doivent y retrouver et y magnifier leurs différences, vivre ensemble dans une profusion mêlant le temps des origines et celui de l’invention, le sauvage et la transformation. Montrons cette infinie richesse, ce foisonnement, mettons en valeur les vertus, les potentialités, les imprévus féconds de l’extrême diversité, incitons le public à respecter et célébrer la nature, sensibilisons le aux atouts et bienfaits de la biodiversité. Et si à lui seul, le jardin ne peut sauver le monde, il saura proposer des opportunités supplémentaires pour cette biodiversité, rebondir pour aller vers d’autres lieux d’accueil et diffuser le savoir botanique. Nommer les plantes et les graines, réfléchir à leur mode de conservation, de préservation et de multiplication, c’est déjà leur donner une existence.
Le Festival des jardins 2011 donnera à voir et parcourir des jardins d’alerte, des jardins d’avenir, ateliers de (re)découverte et de reconstruction de notre diversité, tableaux vivants d’une reconquête et pédagogie active de sa méthode et de ses promesses. Gardant leur magie, leur beauté et leur puissance esthétique, ces jardins seront forces de proposition, de recherche et d’innovation scientifique et artistique, offrant de nouvelles idées, de nouveaux matériaux, ouvrant de nouvelles pratiques pour demain, exaltant la biodiversité et réenchantant le monde.