• Une région sous tension

    Voici la région du Proche-Orient : on peut y repérer Israël et la Cisjordanie et la bande de Gaza, les deux territoires palestiniens. Au nord se trouve le Liban, à l’est la Syrie et la Jordanie et au sud le Sinaï Egyptien, et l’Arabie Saoudite, séparés par le golfe d’Aqaba donnant sur la Mer Rouge. Ces précisions sont importantes à retenir, car ce sont les imbrications des frontières, de la localisation des ressources en eau et des populations, qui aident à comprendre la complexité de l’accès à l’eau dans cette région.
  • La rareté de l’eau

    Si on considère la « disponibilité en eau douce par état, exprimée en m3 par personne et par an », on est en situation de confort lorsque l’on dispose de plus de 2500 m3/pers/an. Or, pour ces états du Proche orient, région aride et semi-aride, les habitants sont :- soit en situation de vulnérabilité, avec moins de 2 500 m3/pers/an- soit en situation de stress hydrique, lorsqu’ils disposent de 1 000 à 1 700 m3/pers/an.- soit en situation de pénurie avec moins de 1 000 m3/pers/an.
  • Le tracé complexe des eaux de surface

    Regardons d’abord les eaux de surfaces dans la région, c’est-à-dire les fleuves, en commençant par le Jourdain et ses affluents. Voici le mont Hermon, qui surplombe le plateau du Golan. De là naissent 3 rivières : le Hasbani, le Baniyas, et le Dan, seule rivière parmi ces trois affluents à prendre sa source en Israël.
  • Le Jourdain, fleuve partagé ?

    Une fois formé, le Jourdain traverse la vallée qui porte son nom et le lac de Tibériade. Ensuite, il est rejoint par le Yarmouk, qui prend sa source en Syrie et forme une partie de la frontière syro-jordanienne, puis de la frontière israélo-jordanienne jusqu’au Jourdain.
  • L’eau, enjeu stratégique pour Israël

    La gestion des eaux a toujours été une question de sécurité nationale pour Israël. En 1964 s’achève la construction du « Grand aqueduc national », qui vient à partir du Jourdain transférer du nord du pays vers le désert de Néguev au sud, une partie des eaux disponibles. L’aqueduc vient donc prélever chaque année 320 millions de m3 du Jourdain, en amont du lac de Tibériade.
  • Les projets de dérivation arabes

    De l’autre côté, Liban, Syrie, Jordanie prévoient eux aussi des canaux de dérivation des affluents du Jourdain. Or, entre 1965 et 1967, plusieurs opérations militaires israéliennes détruisent les chantiers en Syrie et Jordanie, afin de contrer ces projets qui viendraient limiter les capacités hydriques destinées à Israël.
  • L’impact de la guerre des 6 jours

    Dans ce contexte régional déjà très tendu autour des questions liées à l’eau a lieu en juin 1967, la guerre des Six jours.Pour Israël, les gains territoriaux de cette guerre ont largement dessiné le contexte hydro-politique que connaît le pays aujourd’hui. 57% des ressources en eau de l’État hébreu proviennent en effet de territoires situés à l’extérieur des frontières d’avant 1967.Avec l’occupation du territoire syrien du Golan, c’est le lac de Tibériade et certaines sources du Jourdain qui basculent sous l’autorité israélienne et, dans les territoires occupés, en Cisjordanie, cela permet l’accès à la rive droite du Jourdain et aux nappes souterraines.
  • Un système complexe entre Israël et territoires palestiniens

    Le système des eaux souterraines à cheval entre Israël et les territoires palestiniens se compose de deux aquifères principaux, l’un côtier, et l’autre montagneux et central.
  • Trois aquifères à partager

    L’aquifère montagneux se partage lui-même entre trois nappes. Le plus important est l’aquifère occidental, dont l’écoulement naturel des eaux se fait vers l’ouest, donc vers le territoire israélien. On trouve aussi l’aquifère du Nord et l’aquifère de l’Est, dont les eaux coulent vers le Jourdain donc en Cisjordanie.Ces trois aquifères communs recèlent environ 700 millions de m3 par an, soit le double de ce que prélève l’aqueduc national dans le Jourdain.
  • La mauvaise gestion de l’eau à Gaza

    L’aquifère côtier, commun à Israël et Gaza, dispose d’un total d’environ 500 millions de m3 par an, dont 10% se retrouve « sous » la bande de Gaza. Cette nappe est soumise depuis longtemps à des pompages excessifs, la rivalité politique entre le Hamas et le Fatah rend très difficile la bonne gestion de cette ressource.Résultat, l’aquifère n’a pas le temps de se « recharger » comme on dit, les eaux sont de mauvaise qualité et de plus en plus salinisées, la nappe étant toute proche de la Méditerranée.
  • Une consommation très inégale

    D’après le dernier rapport sur le développement humain des Nations Unies consacré aux questions de l’eau, la consommation moyenne par an par habitant est de :- 60 m3 pour les habitants vivant en Territoires palestiniens, - 300 m3 en Israël. - 600 m3 par habitant et par an pour la consommation des colons israéliens installés en Cisjordanie, Le partage des ressources disponibles est donc très inégal et les disparités sont importantes également pour les prix de vente de l’eau, comme on peut le voir sur le graphique des tarifs appliqués en Cisjordanie.
  • Le canal de la paix

    Pour essayer de résoudre la pénurie d’eau dans la région, il y a le projet de « Canal de la Paix », qui cherche à réagir à la réduction de la taille de la Mer Morte et à éviter sa quasi disparition d’ici 2050.
  • Des efforts partagés pour des avantages communs

    Le canal capterait donc l’eau de la Mer Rouge, il serait long d'à peu près 180 km et il irait reverser cette eau dans la Mer Morte, après utilisation dans l’irrigation et des usines hydroélectriques, les bénéficiaires étant, s’ils parviennent à s’entendre, Israël, les Territoires Palestiniens et la Jordanie.